Intelligence Artificielle…..Risques bien réels

Intelligence Artificielle…..Risques bien réels

S’il existe depuis longtemps des algorithmes informatiques permettant (et c’est là les fondements du terme Informatique) de traiter l’information de façon automatisée, il n’était pas question jusqu’il y a peu d’utiliser ceux-ci à d’autres fins que de l’analyse, de la statistique ou de la recherche. Mais aujourd’hui, ces mécanismes alimentés par une masse quasi illimitée de données récoltées par les grands opérateurs (avec notre assentiment bien sûr), sont capables de « création ». En effet, c’est là un des points de l’intelligence humaine que la machine est aujourd’hui capable de suppléer voire de supplanter.

Bien que de nombreux outils soient disponibles aujourd’hui, les plus connus tels que ChatGPT ou Midjourney seront à la base de ma réflexion.

ChatGPT utilisant OpenAI est un agent dit conversationnel capable de générer du texte en se basant sur une base de données d’informations diverses (majoritairement basées sur des écrits ou des faits relatés dans les médias, les encyclopédies, articles scientifiques, romans, scenarios, etc.…). Cet outil répond à une logique combinatoire issue des éléments fournis dans une requête appelée PROMPT. Ainsi lorsque l’on formule un PROMPT demandant à ChatGPT de résoudre un problème ou de raisonner sur un fait, celui-ci va plonger dans sa logique algorithmique afin de compiler un propos « cohérent » basé sur les informations dont il dispose sur le sujet. Et dans la majorité des cas le résultat est assez stupéfiant. De fait il est possible de demander à l’outil de créer du contenu ou de générer une histoire à partir de quelques mots et conditions à respecter. Il ne s’agit pas là d’une création à proprement parler mais d’une production logique mais c’est tout de même une création et non un plagiat même si tous les éléments constitutifs de cette production viennent d’ailleurs. Et il devient alors très difficile de faire la différence entre la production de l’Intelligence Artificielle et celle d’un humain car en fait le chemin que réalise un humain dans sa recherche est basée sur le même schéma que celui de la machine (recherche dans des écrits, des encyclopédies, des faits historiques etc.…). Mais alors qui peut dire s’il s’agit une production humaine ou informatique ?

Midjourney quant à lui propose la génération d’images à partir de cette même logique mais va puiser dans une autre base, celle de l’ensemble des images disponibles sur le Web, en tapant d’ailleurs un peu partout sans trop que l’on sache vraiment où, le programme extrait des informations issues de ces images et les traite au travers de son algorithme afin de trouver des correspondances aux requêtes des utilisateurs qui les formulent simplement dans un PROMPT. Ainsi, il est possible de créer des images absolument magnifiques ou parfaitement grotesques ou fantaisistes selon les paramètres du PROMPT.

Depuis peu Google propose une I.A, MusicLM, permettant de générer de la musique à partir d’une mélodie sifflée ou fredonnée en se basant sur des bases musicales venant du classique ou de la pop. Il est alors possible pour tout utilisateur sans connaissance musicale de générer un titre.

Il existe aussi des I.A en cours de développement capables de réaliser des animations à partir d’images réelle ou issues d’une autre I.A., d’autres sont capables de reproduire des timbres de voix de façon remarquable (il existe aujourd’hui des titres de Mickael Jackson et The Weekend ou Britney Spears par exemple qui ne sont que des créations par I.A.

Les I.A citées ici ne sont que des exemples mais il en existe de nombreuses plus ou moins abouties dans de nombreux domaines.

Alors que l’expansion de l’usage de ces I.A prend une ampleur considérable, les grands éditeurs tels que Google, Microsoft, Netflix, Apple, etc.… s’emparent du sujet et développent avec des moyens financiers délirants des I.A qui leur permettront de réaliser des gains de temps et d’argents colossaux. On comprend mieux aujourd’hui les directions qu’ont pris ces éditeurs depuis de nombreuses années en récoltants soit à notre insu soit avec notre accord grand nombre d’informations de tous bords (habitude de consommation, photos personnelles, réseaux sociaux, etc….). En effet, c’est là leur base de recherche afin de créer des algorithmes poussés qui exploiteront au mieux ces informations pour en tirer un bénéfice. La numérisation à outrance de toutes nos données personnelles alimente de façon exponentielle cette base de données le fameux « BIG DATA ».

Mais alors si les algorithmes avancés des différentes I.A permettent de se substituer à la production humaine n’y a-t-il pas un risque majeur de remplacer majoritairement l’humain dans certaines tâches au prétexte d’un gain de productivité, de temps ou d’argent ? Il semble bien que cela soit à craindre et à très court termes de surcroît. Déjà des Studios comme Netflix, et certains grands opérateurs du cinéma comme Disney font appel à ces outils. Ceux-ci permettant de rajeunir un acteur comme c’est le cas par exemple d’Harrison Ford dans le dernier Indiana Jones, ou de faire réapparaitre un acteur décédé. C’est là une deuxième dérive de ces outils, car en combinant les possibilités de chacun d’entre eux il est alors possible de produire des images, sons, textes, vidéos dont plus rien ne permettra au spectateur, lecteur, auditeur de démêler le vrai du faux.

Du coup, il est possible de « fabriquer » de vraies fausses images relatives à l’assassinat de JFK, ou des attentats du 11 septembre, ou des écrits « inédits » d’auteurs célèbres, ou des « vrai » fausses chansons de Michael Jackson et que sais-je encore. Ces affaires alors pourraient être remise en question, des procès pourraient être rejugés, des théories réfutées, des « vrais ou faux » complots mis à jour, des accusations infondées de tous bords. Ces outils s’ils ne sont pas bornés peuvent servir à toutes fins.

Enfin, de nombreux emplois risquent d’être détruits pas certaines de ces I.A et des pans entiers de l’économie cinématographique et littéraire vont être impactés par l’utilisation de ces outils. Imaginez un journal télévisé présenté par un « faux » journaliste fabriqué par une I.A relatant des faits issus de créations d’I.A appuyés par des images créées elles-aussi par une I.A. Les possibilités sont infinies. Pourquoi s’encombrer de salariés journalistes, d’auteur, de musiciens ou d’acteurs caractériels et cher alors qu’on peut les « inventer » ?

Dans un monde où tout va trop vite, où l’image est devenue virale, où les populations sont rendues chaque jour plus dépendantes de l’informatique, où plus rien n’est vraiment vérifiable, où l’argent et la spéculation sont devenus le moteur de tout, où plus aucune règle n’est respectée, où les dirigeants des grandes nations manipulent les chiffres et les peuples comme bon leur semble, comment ne pas s’inquiéter de l’essor de ces technologies qui enfoncent encore plus le monde dans quelque chose d’incontrôlable. Ajoutez à cela, un peu de guerre, un bon virus, des cryptomonnaies et du metaverse et vous obtiendrez ce qu’un bon roman ou film d’anticipation propose de mieux.

Geoffrey Hinton l’un des fondateurs de l’intelligence artificielle s’est exprimé récemment afin de mettre en garde contre les dangers liés à l’I.A et il estime que les progrès dans ce secteur sont un risque pour la société et l’humanité.  De même Steve Wozniak cofondateur d’Apple se dit très préoccupé par l’I.A voyant déjà les mauvais usages qu’il peut en être fait. Bill Gates fondateur emblématique de Microsoft alerte aussi sur ces dangers et pense que les I.A sont inarrêtables, il demande qu’une pause soit faite dans leur développement afin de poser des limites à leur utilisation. Ceux-là sont des personnages iconiques de l’informatique mais une tribune existe regroupant pas moins de 1500 signataires qui tirent la sonnette d’alarme, parmi eux des gens de grands groupes tels que Facebook (Meta) ou encore Google. Mais bien que le risque soit évident, bien que des signaux montrent que rien ne puisse arrêter cette marche en avant incontrôlable, l’ambiguïté de certains à ce sujet pose question. En effet, Elon Musk par exemple dénonce l’usage intensif de l’I.A mais dans le même temps crée une start-up pour son développement, Google alerte du risque mais utilise depuis toujours une I.A très avancée dans son moteur de recherche.

Enfin, Stephen Hawking cet astrophysicien si éclairé disait : « La création d’une intelligence artificielle serait le plus grand événement de l’histoire de l’humanité. Mais il pourrait aussi être l’ultime. » car en effet, si l’I.A peut dans de nombreux cas permettre une avancée de la science pour résoudre des problématiques complexes en un temps record, l’avidité et le cynisme des humains nous laissent penser que le côté sombre de l’utilisation de l’I.A entrainera de nombreux désordres dans nos sociétés.

Le propre de l’intelligence réelle c’est d’être dotée de choses que les machines n’auront jamais tels que le libre arbitre, les sentiments, les croyances et l’irrationnel qui font de nous des humains. Alors laissons le temps au temps, profitons de notre court passage sur ce beau caillou qu’est la terre et enrichissons-nous des autres avec bienveillance et apprenons du monde qui nous entoure avec simplicité car c’est dans les choses les plus simples que se trouve le bonheur.

 

 

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